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26 septembre 2003
Le Canada et ses vastes espaces.

Bye, Bye Montréal.

Vendredi 26 septembre au matin, on se réveille assez excité, le visage un peu blême à cause du manque de sommeil et le grondement d’un volcan à l’intérieur. J’ai l’impression que mon corps agit automatiquement face au concret des préparatifs, mais mon esprit est définitivement ailleurs. La vie me semble irréelle, comme si mes pensées et mes émotions étaient à la remorque de mon corps ancré et solide dans le présent. Peut-être parce qu’ils savent lire les présages.
Nos vélos sont armés. On donne des gros câlins d’au revoir à mon seul et unique Massi (le webmaster). Bon, ça y est les premiers coups de pédales sont donnés et ce ne sera pas les derniers. Marie-lou nous escorte dans notre descente de la rue St-Denis jusqu’à la station d’autobus Berri. Fanie vient nous rejoindre. C’est les adieux. Bye, je m’en vais réaliser mon rêve, je reviendrai… plus tard. On monte dans l’autobus, next stop Vancouver!

72 heures de bus et la fraîcheur d’une laitue.

Nous voilà dans une bulle hors de la réalité qui voyage de façon intemporelle dans un notion subjective de ce qu’est le jour et de ce qu’est la nuit. On lit, on mange, on « dort », on parle. Le bus (la bus) fait pleins d’arrêt dans des villes canadiennes débordantes d’attraits exotiques et ayant alimenté bon nombre de fois mes rêves d’enfant tel que Sudbury, Thunder Bay, Régina, Saskatoon… Sans oublier THE Great City of Winnipeg! Tandis que l’Ontario s’étend comme une contrée interminable (maudit ontarien!), les prairies sont par ailleurs en beauté. Les plaines sont couvertes de foin blond et ondulé comme des cheveux d’enfant. D’autres sont déjà en balles. J’imagine surgir des troupeaux de bisons sauvages courant dans la plaine, je vois plutôt des trucks rouges roulant sur la transcanadienne. On arrive à Calgary. Premier choc culturel : un gars de mon âge avec des jeans stretch pis des bottes de cow-boy! On traverse les rocheuses. Y’a pas à dire, c’est vraiment, vraiment beau. Les montagnes sont hautes et belles. Les rivières qui traversent les vallées stimulent mes premières envies de pratiquer la pêche à la mouche; un élément caché de ma personnalité qui m’apparaît assez inusité. Tout ce passe bien en fait, on arrive lundi matin à Vancouver à 5h30, sans nos vélos. Trois heures plus tard, je retrouve Bertrand (mon vélo) en bonne forme. Je crois que ce n’est pas nécessaire de dire qu’on n’est pas frais! Maintenant, Vancouver nous y sommes!

Une parfaite famille de granoles pour héberger.

Ce matin est vraiment particulier et magique, nous roulons sur une piste cyclable, le Seaside, qui prolonge le bord de l’Océan. L’air est riche, humide et rempli de parfumes de fleurs et de plantes luxuriantes. Les rayons du soleil se reflètent sur les mâts très bâteaux amarrés et le vent est doux et rassurant. Francis et moi sommes trop contents de pouvoir vivre cette expérience ensemble et nous nous dirigeons lentement chez le frère de Liz, la coloc à Francis. On arrive à une coquette maison verte en bois à deux étages, avec un joli jardin et une belle grosse télé en plein milieu de la cour. E.J. et Alex nous offre une chambre d’amie. La maison est vraiment géniale! Entre des aquariums, l’on retrouve des collections de bols, de verres de toute origine, de trolles, de casquettes de truckers, de peintures pseudo-érotiques des années 80’, de fruits en plâtre, des petits drapeaux des équipes de hockey et de football de l’équipe local d’un quelconque hameau, de vinyles, de vieilles cassettes huit tracks, l’ouvre-bouteille king size pour les king size drinkers et autres merveilles du kitch. On ne pouvait que se sentir à la maison! Vers l’heure du souper, nous sommes tous partis en vélo pour aller chercher Forrest à son travail et nous avons roulé ensemble dans la ville. Nous avons découvert un petit joyau, le Stanley Parc, qui est une vieille forêt aménagée, accessible aux gens de la ville. Puis, nous sommes allés manger de un resto végétarien militant vraiment pas cher sur la Main St. appelé Foundation.
Francis et moi on a vraiment pensé s’expatrier du Québec pour vivre à Vancouver dans quelques années. On trouve que la ville se rapproche plus de ce qui est important pour nous. La ville est vraiment verte et ce, un peu partout. On riait parce que le stationnement de voitures sur Kingsway était plus fournir en arbres et plantes de toutes sortes que bien des parcs à Montréal. Le réseau de pistes cyclables et l’attitude des automobilistes est à l’opposé de ce que l’on retrouve chez nous, avec un important mouvement pour le cyclisme et des transports en commun abordables La bouffe bio et équitable est vraiment plus accessible et les habitudes de consommation des gens semblent plus progressistes. Les étrangers se parlent communément sur la rue, dans les cafés et dans les parcs.
On est allé se promener de nuit dans l’est du downtown et c’était pas joli! Ça fait vraiment peur si tu ne viens pas du milieu et même les gens Vancouver ni passe pas trop de temps. Avant c’était l’héroïne et maintenant c’est plutôt le crack. Le comportement des gens devient par le fait même plus violent. Les gens fourmillent dans les ruelles en s’échangeant la dope. Ils ne sont pas frais. La prostitution est assez à grande échelle. Je n’aurais jamais pensé retrouver cette atmosphère au Canada. C’est plutôt les ghettos de New York ou des grandes villes américaines où les gens ne peuvent pas trouver de ressources très accessibles pour se sortir de ce cercle infernal. Le nombre de gens vivant dans la rue est immense, ça ne se compare même pas à Montréal. Plusieurs gens à qui on a parlé, ont pointé du doigt les politiques libérales de Gordon Campbell et d’après plusieurs journaux de gauche, les impacts sur les femmes et les sans-abris est majeurs. Moi qui n’a jamais eu vraiment peur à Montréal la nuit, je ne serais pas rester longtemps dans ce quartier et surtout pas toute seule.

Pendant les premiers jours à Vancouver, on a pris ça relax. On en ressentait vraiment le besoin avec tous les préparatifs et l’instabilité du départ : mon retour de l’arctique, la vie sans domicile fixe et surtout tous les préparatifs… Puis on a commencé à contacter les organisations pour aller faire des entrevues. Les gens qui nous ont reçus, ont vraiment été super accueillants et gentils. Alex, nous a beaucoup aidé à connaître la ville. Tous les trois en vélo, on est allé visiter Yolanda, une bonne amie à lui qui travaille à ouvrir un resto végétarien et qui nous a gracieusement donné des barres granolas excellentes. On est allé faire une promenade en forêt avec lui et Bob. On a joué aux Dames Chinoises pis on a écouté du Adam Green (avec Jessica Simpson) et Suck up to God, le groupe punk de nos hôtes.

Après ces deux semaines, Francis et moi avions des fourmis dans les jambes pis on avait le goût de bouger vers le sud parce que la température commence à être froide. Faque on a sacré not’camp en direction des très exotiques Etats-Unis; à la recherche d’un Wal-Mart, d’un McDonald et de ce merveilleux confort stérile américain. Hum, chu ben excitée…