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au 21 décembre 2003
Napa- le thé de jouvence
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Dans
le confort de bonnes pantoufles chaudes, nous nous sommes guéris
de la froideur et de la rigueur des jours passés. Marie a été
une perle pour nous. Nous nous sommes amusés ensembles et nous
avons discuté des heures et des heures sur ce qui se passe aux
Etats-Unis, dans le monde et de spiritualité. Nous avons eu des
conversations fraîches et ouvertes autour d’un bon thé
et dans le confort de grosses pantoufles. Marie est une activiste guidée
par sa spiritualité et suivant son cheminement de Bai hai. Elle
nous a parlé avec beaucoup de sagesse et de modestie, de merveilleux
exemples de solidarité dans le monde. Malgré ces critiques
incessantes de la société américaine, elle continue
de vivre à Napa et de développer des projets positifs.
Elle a parlé avec beaucoup de véracité, que de
toujours mettre l’accent sur les problèmes qui s’accentuent,
tue l’espoir et ne mène pas nécessairement au changement.
La compréhension de l’injustice, l’exploitation et
la pauvreté ne conduisent pas nécessairement à
lutter pour une révolution. Il faut mettre l’emphase sur
les liens de solidarité qui se bâtissent et de développer
de l’espoir et de la volonté chez les gens pour participer
à construire autre chose. Marie s’active au jour le jour
à travailler en ce sens et nous, Francis et moi, sentons que
nous y faisons aussi notre part. Je dois dire que je me sens très
inspirée par ce que nous faisons.
Marie nous a amené à Berkeley et j’ai été
éblouie devant l’Université de Californie (25000
$US par session je crois!?). L’ambiance de la ville est assez
cool et nous a beaucoup fait pensé à Montréal.
Le quartier fut le foyer de l’activisme et du hippisme des années
soixante, soixante-dix et reste encore le théâtre de résistance
importante. Par une journée pluvieuse, nous avons marché
à travers des petits kiosques d’une foire d’artisans
et nous sommes retournés à Napa faire le gâteau
aux cerises et chocolat pour la fête à Francis.
Nous avons eu plusieurs déceptions pour le projet. Tout d’abord,
des groupes que nous avions ciblé pour San Francisco ne sont
pas disponibles ou impossible à rejoindre. D’autres sont
déjà assez bien visibles et connus pour que ça
valent la peine de faire un article sur eux. De plus, nous sommes à
quelques jours des vacances de Noël et il est pratiquement impossible
de se rendre à San Francisco et de rencontrer un groupe. Il est
aussi certain que nous ne pouvons pas attendre deux semaines et demi
pour peut-être, finalement rencontrer quelqu’un. Après
les vacances nous aurons probablement déjà passé
Los Angeles. Aussi, les parents de Francis viendront nous voir au Mexique
vers le sept janvier, donc nous devons rouler pour pouvoir arriver à
la frontière. Quatrièmement, ça coûte cher
en christ aux Etats-Unis, même seulement la bouffe, et nous devons
partir avant de nous plumer. Cinquièmement, les articles que
nous avons écrits ne sont pas encore sur le site et nous ne savons
pas ce qui se passe, et de ceux qui y sont, nous n’avons aucun
commentaire. Mis à part ma mère qui écrit «
j’ai lu les articles. C’est intéressant. »
Si j’enlève le support maternel qui ne m’a pas rassuré,
j’ai plutôt l’impression que le but de ce que nous
faisons n’est possiblement pas atteint.
C’est donc ici que nous avons accepté que nous n’allions
pas faire d’entrevue à San Fran, ni à Los Angeles.
Nous avons plutôt commencé à construire une liste
de liens internet qui sont intéressants pour trouver de l’information
alternative. Nous avons réparé les vélos et nous
avons relaxé, nous voilà prêt à partir.
Rien de fou, sauf ceux qui nous entourent.
Nous sommes partis de chez Marie très tard ce jour-là.
Nous avons traversé Petaluma et nous avons pris un mauvais chemin.
On s’est rendu à Point Reyes et nous avons passé
une bonne nuit sur une herbe verte bien engraissée par les vaches
pas trop loin de là. Le jour qui suit est fait de pluie et de
lutte mentale pour ne pas se déprimer. Nous mangeons une sandwich
avec la tartinade au tofu la plus dégoutante que je n’ai
jamais mangé. On relaxe en lisant un livre bien collé
sur notre banquette près du foyer à Stinson Beach. Nous
campons entre le mur d’une montagne et le gouffre d’une
rivière. Nous montons sur la montagne couverte de plantes qui
embaument l’air de parfums épicés et, les bras dans
les airs, nous résistons au vent fort du Pacifique qui se déchaîne
et amène la tempête.
Nous sommes le 24 décembre et nous allons traverser le Golden
Gate. Des Vietnamiens prennent une photo de nous juste devant le pont
pour faire comme tout le monde. La journée est toujours au gris
et au paradis nous ne sommes pas rendus. Nous ne savons pas vraiment
quoi faire de notre Noël, une période de l’année
où l’on est habituellement en famille. Nous ne voulons
pas faire un détour vers le centre-ville avec les vélos.
Nous tentons de trouver un hôtel pas cher parce qu’on ne
peut pas traverser la ville aussi facilement. On se mange une pizza
chez des américains arabes d’origine italienne. Parce que
les hôtels sont dans les christmas rates, on se dit qu’on
devrait sortir de ce coin et donc payer moins. Nous roulons dans le
noir vers nulle part, sans carte et sans destination. On se dirige avec
ma boussole dans la ville, orientation sud-ouest. On demande à
des gens s’ils connaissent des endroits. On se ramasse à
Daly, une banlieue platonique de San Fran. On nous indique finalement
un coin avec des hôtels. On choisit la moins cher, 60$US. Il est
9h30 du soir et on est vraiment brûlé. La chambre est vraiment
dégoûtante; ça pue, les murs tombent à terre,
c’est pourri et sale. Men, on s’est fait fourrer en christ.
En attendant le Père-Noël qui ne vient pas dans les hôtels
de passe en putréfaction, nous avons lu des chips et mangé
un livre ensemble. Le lendemain nous avons fait une leçon de
moralité au propriétaire de l’hôtel sur son
hôtel-vomi-trop-cher. Et maintenant, nous en avons notre trunk
de cette mentalité de je-fais-le-plus-d’argent-sur-ton-dos-pis-je-te-donne-le-moins-possible.