27
et 28 décembre 2003
Lorsque l’on ne cherche pas un coup de pied dans le cul,
Chialeuse, mais contente pareil finalement.
27 décembre 2003
Lorsque l’on ne cherche pas un coup de pied dans le cul
Dans un
café de Santa Cruz, nous rencontrons type du nom de Steve qui
nous amène en vélo dans différents coins merveilleux
de la ville. Après nous avoir dessiner une carte de deux mètres
de long avec des repères visuels douteux, il enfourcha sa bicyclette
une vitesse pour faire son exercice du dimanche. Dans son désir
de nous aider, il parcoura plus de quarante kilomètres sur des
pistes cyclables jusqu’à une boutique de vélo où
il pouvait nous aider à se rendre à Monterey en restant
loin de la route 101. Chiquant nos toffees, Steve nous disait en nous
montrant ces restaurants préférés, qu’une
des joies de faire du vélo, c’est de pouvoir manger des
bonbons sans remord.
Nous continuons notre chemin vers Monterey et comme il se doit, un flat
me pogne dans le couchant. Pendant que ma pitoune se peigne les cheveux,
je répare ma perforation les mains pleines de bouette noires.
Évidemment, avec ma petite lampe frontale, je ne retrouve pas
la cause et je remonte mon pneu avec un trou qui attend pour se former.
Quinze minutes plus tard, j’ai à réparer un autre
flat. Nous reprenons la route dans la nuit noire, avec une température
un peu sous zéro. Nous recherchons un camping et nous décidons
de s’arrêter au 7eleven à Marina pour demander de
l’information.
La fille à la caisse ne connaît pas de camping, mais avant
que nous sortions du dépanneur, elle nous propose de la rejoindre
à minuit après son travail et qu’elle nous hébergera
pour la nuit. Bien heureux, nous allons attendre au Dennys jusqu’à
l’heure prévue. Nous la rejoignons au dépanneur
et la situation semble moins claire. Elle nous dit que les gens pensent
qu’elle est folle d’inviter des inconnus chez elle et nous
parle de la fois où elle s’est retrouvée dans la
rue avec son jeune fils. Alors que nous devions suivre sa voiture jusqu’à
chez elle, elle ne ralentit pas assez pour que nous puissions la suivre
et nous la perdons de vue. Pendant peut-être une heure sans trop
savoir comment réagir, nous cherchons son auto dans le quartier
et attendons pour savoir si elle revient. Nous retournons au 7eleven
pour voir si elle y est. Une auto semblable à la sienne est dans
le stationnement et son collègue de travail qui la remplace pour
la nuit nous regarde comme si nous étions des maniaques.
Puisque l’image de maniaque ne nous va pas très bien, nous
décidons de prendre notre trou. Je trouve finalement une place
cachée tout prêt de la piste cyclable. On finira par se
coucher dans l’incompréhension et la fatigue vers les 2
heures du matin.
28
décembre 2003
Chialeuse, mais contente pareil finalement
Le lendemain
matin, on se lève avec le soleil, bien m’agané.
Je suis à fleur de peau et Francis aussi. Je n’ai pas assez
dormi et il ne faut surtout pas qu’on me contrarie dans ses moments
là. Évidemment, un rien me contrarie. On s’ostine
pis on fait la baboune, pis après on est contents parce qu’y
fait beau et qu’il y a la mer. En passant dans Monterrey, on voit
une ligne de personnes sans-abris et vagabondes qui attendent à
se faire servir de la bouffe gratuite. Certains d’entre eux nous
interpellent
pour qu’on vienne manger avec eux. Il y a Joel avec sa grosse
barbe pis ses lunettes fumées qui nous jase de son expédition
à vélo de Los Angeles à San Francisco avec un vieux
bike plus une remorque avec 200 livres de stock. Il nous dit qu’il
faisait environ 15 miles par jour. Heureux pour nous qui avons travaillé
dans des magasins de plein air pour avoir notre équipement. Donc,
on mange très bien, gracieuseté de l’église
X. Il nous invite à passer à nuit avec eux chez son ami
qui a un terrain qu’ils squattent
avec la permission du propriétaire. Nous suivons son ami qui
nous montre un chemin pour nous aider à continuer notre route
loin de la 101 et de la police. En le remerciant chaudement pour son
invitation, nous continuons vers Carmel-by-the-sea, une ville supposément
superbe selon plusieurs sources.
Dans notre
opinion, ce fut plutôt une ville de gens trop riches et snobinards,
qui lèvent le nez sur nos pantalons un peu sales. En attendant
devant l’épicerie pendant que Francis allait nous acheter
de la bouffe, un vieux avec sa femme et son chien arrivent dans leur
belle petite décapotable bleue. Le vieux avait l’air exaspérer
de voir mon vélo accoté à côté de
son char d’un demi-million de dollars, et aurait bien voulu me
voir ailleurs que dans son monde. Je lui ai ris au nez. S’il pensait
que son dédain allait me faire changer mon vélo de place
pour son beau char, il peut se rentrer son chien barbette où
je pense. Je l’avais déjà dis, je ne suis pas de
bonne humeur aujourd’hui. Y faut pas m’écoeurer.
Nous finissons la journée dans un boisé de traitement
des eaux, avec un besoin urgent de dormir.
Le machisme à l’américaine.
Ici, je
vais faire une critique de l’attitude générale des
hommes américains que nous rencontrons tous les deux sur la route.
Je dois dire que j’ai été surprise de constater
une belle grosse dose de machisme. De façon générale,
lorsque nous rencontrons un homme qui vient discuter avec nous, il s’adresse
en premier lieu à Francis. Même si je réponds aux
questions, le type va continuer de regarder Francis et de lui poser
des nouvelles questions. Nous avons même joué à
un jeu, Francis et moi. Celui de me laisser répondre à
toutes les questions pour voir ce qui se passe. De manière générale,
les hommes insistent pour continuer à parler à Francis.
Ce qui nous apparaît suite à cette attitude c’est
que ces hommes pensent que je suis la fille-qui-suit-son-chum. Évidemment,
pour eux, il est difficile à croire que c’est la fille
qui a eu l’idée du projet, qui a le plus d’expérience
à voyager en bike et qui sait bien faire sa propre mécanique
vélo. Francis en est arrivé aux mêmes conclusions
que moi. Cette attitude générale mais non pas universelle
a su me causer beaucoup de frustration à certains moments. Je
crois que c’est parce que je ne pensais pas qu’autant d’hommes
américains pouvaient avoir une vision de la femme aussi limitée.
En tout cas, ce n’est pas cette attitude déplaisante qui
me fera ranger mon bike, s’en est plutôt une pour me faire
aller plus loin.