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29 et 31 décembre 2003
Gros Sud dans la pire tempête,
Nouvel an porto et fondue au chocolat.

29 décembre 2003
Gros Sud dans la pire tempête.

On se lève le matin avec un vent de rage et de la pluie. Après une demi-heure à faire moins de trois kilomètres en luttant, nous nous arrêtons pour prendre un café, histoire de se réchauffer du froid et se reposer un peu. L’homme du marché nous dit que nous ne pouvons pas continuer notre chemin. Il dit qu’avec la tempête qui arrive, un point dans les montagnes que nous devons traverser, hurricane point, fait la terreur des motocyclistes par temps venteux. Avec les conditions qu’il y avait par cette journée, il était impossible d’avancer. Nous restons donc dans le marché à boire du café, attendant qu’il se passe quelques choses. Après quelques heures, une femme du nom de Sarah nous faisait un lift jusqu’au camping Pfeiffer, passé le hurricane point, avec un gars qui connaissait le prof de linguistique de Francis et mon café préféré où j’allait souvent à Montréal. La pluie est terrible et ininterrompue. Nous plantons notre tente au centre de trois grands arbres.

Toute la nuit, la pluie tombe et j’ai l’impression d’entendre des rivières coulées dans mes rêves. Au lendemain matin nous voyons littéralement une petite rivière d’un pied de profondeur qui s’est formée durant la nuit. Il est tombé 4 pouces de pluie pendant la nuit selon les gardes de parcs. Heureusement, nous nous levons frais comme de petites laitues avec un soleil rassurant. Il fait quand même chaud et la goutte du bout du nez nous se sèche peu à peu. Sur la route, nous croisons beaucoup de gens qui nous font des signes de retourner. Un homme s’arrête et nous parle quelques instants pour nous parler du glissement de terrain. Il s’agit du plus gros qu’il n’a jamais vu, atteignant plus de 100 mètres de largeur. La route est donc barrée pour la circulation et le type, lui-même cycliste, nous dit qu’elle n’ouvrira pas avant plusieurs semaines. Ça ne se peut pas. Pour se rendre au même endroit sur la route 101 (nous sommes présentement sur la 1), il nous faudrait une semaine et les parents à Francis arriveront bientôt au Mexique. Nous décidons de poursuivre la route. Tout le long, les gens nous font des signes de retourner de bord. En arrivant sur place à Lucia, l’homme qui barre la route nous empêche de passer, mais il nous dit qu’à partir de 5 heures, il finit son travail et qu’à ce moment il n’est pas responsable de ce qui nous arrive. Le soleil se couche un peu avant cinq et en attendant, nous buvons de la bière avec des cyclistes en voyage organisé. Ils sont suivit par un RV de support dans lequel ils dorment. Un mécano dans leur groupe nous aide avec des questions mécaniques, puis les cinq heures passent. Il fait noir et nous allons traverser le landslide tranquillement. On entend les roches qui tombent lentement et l’on voit des pierres de plusieurs mètres sur la route. Je m’arrête en bas de la falaise pour prendre des photos pour montrer à ma maman, et l’on commence à entendre les roches tombées de plus en plus vite et de plus en plus fort. En silence, je me faufile plus rapidement, avant que Francis qui m’attend plus loin ne fasse une crise cardiaque. On finit cette journée bien heureux dans un fossé rempli de mûriers piquants.


31 décembre 2003
Nouvel an porto et fondue au chocolat

La journée est belle et ensoleillée. Nous sortons des montagnes pour arriver dans un terrain plus agricole. Puis, étendus près de la mer, de grosses masses graisseuses grises grognent sur la grève. Nous nous trouvons devant un spectacle vraiment amusant, la mise à bas des phoques éléphants. Pour expliquer au lecteur non-initié, le phoque éléphant est un mammifère dont les mâles atteignent plus d’une tonne et possèdent un appendice long et mou qui s’allonge comme tuyau. De ce museau proéminent, ils émettent un son vibrant indescriptible qui ressemble à une sirène de pompier nasale. Leur énorme masse graisseuse se traîne sur le sable de façon maladroite pour former une espèce de vague de chair. Ces êtres étaient rudement attachants et sympathiques. Les gens viennent les observés dans cet endroit particulier où cette espèce qui était en voie d’extinction renfloue sa population. J’ai eu un fun fou à les regarder, avec les jeunes bébés qui buvaient le lait de leur maman et les gros mâles qui bombaient leur torse.
En fin d’après-midi, nous allons faire le plein. Du chocolat, des fruits, du porto, des pâtes et du fromage. Je trouve un spot près d’une rivière à côté de Cambria. Pour finir l’année, nous nous sommes tellement gavés et nous avons bien bu que l’on ne pouvait même plus bouger avec la peau de ventre qui veut fendre.