5
au 8 janvier 2004
5
janvier 2004
Les
rois d’Oxnard
Quoique
nous continuons notre route le plus vite possible pour rencontrer les
parents de Francis au Mexique, nous sommes fatigués et décidons
d’aller chez un homme qui nous avait invité chez lui lorsque
nous étions à Cayucos. Nous arrivons tôt en journée
et nous relaxons sur le bord de la plage. Je pratique la guitare avec
Francis.
Vers trois heures nous nous dirigeons chez Tom Roony, Mary-Ann et Andy.
Nous arrivons vers 16h30 et Mary-Ann, une grande femme au beau sourire
nous accueille. Mary-Ann nous offre à manger et elle nous quitte
pour aller à ses cours. Tom revient et nous installe devant la
télé. Il nous dit : « je sais ce qui vous faut :
un repos total. Assoyez-vous, je vais vous traiter comme des rois. »
Nous nous sommes lavés, nous avons fait notre lavage et nous
avons mangé à se rendre malade. Les pieds sur le pouf,
j’avais quatre verres différents, des tonnes de biscuits,
des hamburgers et de la salade, du chocolat, des noix et surtout, la
grosse télé pour me libérer de toutes les pensées
qui auraient pu survenir. Nous avons écouté Cast away
avec Tom Hanks et j’ai pleuré discrètement. J’ai
regardé Andy faire du breakdance dans le salon, c’est vraiment
un autre genre de sport que celui que nous pratiquons. Puis, Tom nous
a imprimé des cartes pour traverser Los Angeles sans trop de
problèmes.
6-7 janvier 2004
L’enfer de L.A.
Avec un
peu de nervosité, nous nous dirigeons vers Los Angeles dans l’appréhension
de cette toile d’araignée monstrueuse. Nous croisons un
parc pour enfant construit par l’armée américaine
avec de gros missiles et des avions de guerres qui servent de terrain
de jeu. Un enfant jouait avec mère à côté
d’une statue de bombe nucléaire. Miam. Quel image bucolique.
Nous traversons le parc de Santa Monica avec ces grandes falaises de
roches d’un côté et la mer de l’autre. Puis,
en scrutant les vagues, nous voyons une bande de dauphins qui nous suivent
pour quelques kilomètres. Nous passons Malibu qui est à
mon humble avis, particulièrement affreux, avec ces maisons trop
grosses et dont l’architecture se situe à l’opposé
de l’harmonie, mélangeant le chalet Suisse avec la maison
style coloniale et des voisins adeptes des structures métalliques
vitrées des années quatre-vingt. Les starlettes trop riches
n’ont pas voulu s’entendre pour adopter un style d’architecture
harmonieux et la ville ne possède absolument aucun cachet, seulement
du cash.
Nous continuons notre route jusqu’à Santa Monica avec un
trafic en augmentation constante. L’heure de pointe commence et
notre niveau de stress atteint un seuil critique. Enfin, nous découvrons
une piste cyclable qui nous sauve un peu la vie. On longe la mer et
nous passons Venise Beach qui ressemble à ce que l’on voit
dans les films avec ses vendeurs un peu hippies et les skaters de rampe.
Le soleil se couche et nous sommes au creux de la ville. À demander
à des passants, nous trouvons une auberge de jeunesse pas trop
cher.
Nous nous levons aux petites heures du matin pour finir par sortir de
cette ville de fou. En roulant sur la piste cyclable qui borde la mer,
nous voyons l’air teintée jaune par pollution. On sent
comme une chaleur dans les poumons. Nous roulons encore plusieurs dizaines
de milles et de haut, nous regardons L.A. couvert par un énorme
nuage de smog. Au moins nous en sortons peu à peu, l’histoire
n’est pourtant pas encore conclut pour que nous nous trouvions
une place où camper. Alors que nous mangeons, deux femmes sont
étonnées par notre périple et nous disent qu’il
est possible de camper à Huntington Beach situé à
25 miles d’où nous sommes. En route vers cette plage municipale,
nous nous perdons dans le trafic. Nous devons contourner une marina
gégante et aucune piste cyclable n’apparaît. On ne
peut pas se parler à cause du bruit de la circulation et la plupart
des gens sont incapables de nous indiquer un chemin plus approprié
pour nous. Le soleil se couche et nous pédalons encore vers cette
fameuse plage, on roule sous les étoiles et en écoutant
les vagues. Arrivés sur place, les lifeguards et gardiens de
plage nous informent qu’il est interdit de camper sur la plage
sauf pour les R.V. Il n’y a aucun endroit à proximité
pour nous camper. Le gardien du parking nous dit que cette ville est
la plus sécuritaire des États-Unis à cause du nombre
le plus élevé de police per capita. Cette affirmation
est très loin de nous rassurer. Très fatigués et
le cœur chargé d’émotions, nous mangeons des
sandwichs au thon et fermons les yeux pour faire descendre le stress
de la ville. Il est huit heures et nous reprenons la route. En passant,
je remarque un endroit sombre et caché sous une des cabanes de
surveillance de la plage. Nous allons prendre un café en ville,
car nous devrons attendre jusqu’à 11h30 que les derniers
jogueurs soient allés au lit pour envahir l’espace. Pour
partir à la première heure, nous ne sortons que les sleeping
bags pour dormir. Nous passerons une nuit froide et agitée avec
l’humidité des vagues qui nous arrosait. Vers 6 heures,
nous nous levons pour voir le premier jogueur passé. Par chance,
nous évitons de justesse de se mériter une contravention
en croisant un gardien de plage juste au moment où nous montions
sur les vélos. Il m’interroge sur ce que je fais, où
j’allais avec un petit sourire gentiment hypocrite. Je ne peux
m’imaginer d’être sans-abris dans cette ville haute
protection pour les biens nantis.
7 janvier 2004
Steve le vétéran
En cherchant
un camping vers San Clemente, nous demandons de l’information
à un homme à vélo. Il nous invite à venir
camper sur son terrain de camping dans un parc à côté
de la plage. Nous acceptons et nous soupons avec lui. Il est un vétéran
de la guerre du Vietnam. Il est allé à la guerre lorsqu’il
avait 18 ans. Il est maintenant déclaré invalide et reçoit
de l’argent du gouvernement en compensation. Il passe sa vie dans
sa caravane et change de camping à tous les mois, selon les possibilités
pour les vétérans. Il prenait des médicaments assez
forts et s’excusait de parler lentement. Il faisait plusieurs
siestes par jour. Il paraissait assez seul dans sa vie, et notre compagnie
à sembler lui faire du bien. Il nous a proposé de rester
aussi longtemps qu’on voulait. Le chemin nous appelait…
8 janvier
2004
Des bonnes blagues du Québec
Alors que
l’on traverse une base de l’armée américaine
de façon illégale pour éviter l’autoroute,
nous roulons à toute allure pour ne pas se faire suspecter comme
des espions de Al-Quaïda. J’appelle Maude, une amie du secondaire,
qui habite maintenant à La Jolla, une banlieue riche au nord
de San Diego. Nous arrivons assez tard près de la ville. Nous
les appelons de l’Université pour avoir le chemin exact.
Ils ne semblent pas savoir où nous sommes et comment nous guider.
Après de multiples obstinations au téléphone pour
nous guider vers leur appartement, ces deux tourtereaux finissent d’un
commun accord sur la direction à prendre. Nous roulons dans le
noir en dévalant une côte. Bien sûr, je pogne un
flat dans cette descente obscure et je dois le réparer avec patience
pendant que mon gentil Francis courrait au dépanneur m’acheter
de quoi bouffer avant que je tombe dans les pommes.
Maude nous accueille avec un bon repas et je suis super contente de
pouvoir parler français avec elle. Puis, nous faisons la connaissance
de son fiancée qui rentre à la maison. En soirée,
on s’écoute des vieux Rock et belle oreille. C’est
géniale comment ça fait du bien. De plus, elle a un abonnement
de téléphone qui lui permet de faire des longues distances
gratuites. J’en profite au maximum pour appeler ma sœur,
Nancy, Massi et mon papa. Le lendemain, nous allons sur la plage marcher
et nous partons au cinéma en soirée. Nous quittons Maude
qui été super généreuse pour aller chez
l’oncle à Francis au sud de San Diego.