27
au 31 janvier 2004
27
janvier 2004
El Dado
Réveil
difficile, bonne douche et gros petit déjeuner : des pancakes
préparés par nos gentils hôtes. Départ lent
et journée sans énergie. On se chicane après le
dîner parce que Francis qui à passer un an aux Îles
Canaries et qui parle très bien espagnol ne me laisse pas la
chance de pratiquer. J’ai quatre ans sans parler espagnol et j’aimerais
qu’il me laisse plus de place pour me pratiquer et qu’il
ne me coupe pas la parole quand j’explique quelques choses à
quelqu’un. Il me dit qu’il essaie mais, que c’est
difficile. Moi je veux qu’il fasse plus d’efforts. La discussion
s’enflamme et Francis se fâche. Je suis sûre que tout
le monde dans la vallée à constater que Francis était
en christ tellement il a crié comme un fou. Wow! Je trouve ça
impressionnant et aussi amusant dans le fond. C’est bon qu’il
ait du caractère, j’aime bien ça! On se réconcilie.
On continue à rouler sur la route plutôt calme. Les terrains
sont secs et très pierreux. Des ranchs s’étendent
comme d’immenses zones clôturées et plates. Le soleil
se couche et le secteur n’est pas très généreux
en terrain de camping sécuritaire. Puis, on voit ce ranch El
Dado qui semble abandonné avec une maison barricadée,
des carcasses de voitures et autres pièces égarées.
On frappe à la porte et personne ne répond. Nous choisissons
de traverser le champ de branchailles et de planter notre tente dans
la propriété du ranch, histoire d’être protégés
de la route. Puis, le soleil s’abaisse à l’horizon
et un homme à la veste déchirée et l’air
ténébreux s’approche entouré par ses chiens.
L’homme nous accueille et nous invite à venir dormir dans
la maison. La maison est inhabitée mais il y a un lit et des
couvertures de laine pour nous. Il nous invite à prendre un café
dans sa roulotte.
L’homme doit être âgé de plus d’une soixante
d’années, sa peau est foncée et tannée par
le temps. Dans cette petite roulotte, l’eau chauffe sur le poêle
à gaz et nous parlons un peu. Les silences sont remplis de sens
et je sens qu’ils font partie de la solitude de ce ranch. Le regard
de ce ranchero ressemble à de la bienveillance, lorsque ses yeux
traînent quelques secondes à regarder au fond des miens.
Après le café, nous retournons dans la maison pour manger
et dormir. Au lendemain, l’homme vient prendre le café
avec nous. Le terrain du ranch est immense et magnifique, il se poursuit
au loin dans les montagnes où courent les chevaux libres. Ernesto
s’occupe des chèvres et des moutons. Deux de ses bêtes
ont été tuées par ses chiens pendant la nuit. Les
montagnes s’allongent dans la lumière du matin avec des
teintes de gris et bruns et des touches de vert et de mauve. Il nous
dit de se cueillir dans sacs d’oranges et de citrons avant de
partir. Cette visite au ranch El Dado restera gravée dans ma
mémoire à jamais.
28 janvier 2004
Le ranch Ayala
Nous allons
nous chercher du fromage de chèvre sur une ferme à côté
de la route, suivant les bons conseils de Ernesto. On se sent au paradis
perdu, à la découverte du fromage et autres choses qui
sont produits localement et sont si riche en saveur. On s’habitue
à la vie du Mexique. Le monde me paraît plus simple et
je me sens dans un environnement qui me ressemble davantage. Le soir,
dans le soleil couchant, nous entrons dans ce ranch à la terre
rougeâtre. Le rancho Ayala est très riche, les machines
agricoles sont impressionantes et la maison des propriétaires
est de type colonial. Il n’y a personne sur la ferme puisque ce
n’est pas la saison. Il n’y a que le ranchero (ranchero
c’est celui qui garde la ferme) et sa famille qui habitent une
petite cabane dans le coin de la ferme. Il accepte que nous campions
sans problème. Les chiens japperont toute la nuit à cause
de notre présence. Je me souviens aussi avoir entendu des coyotes
entre deux rêves.
29
janvier 2004
San Quintin : reconnu pour ses gens antipathiques!
Fatigués
et décidés à écrire l’article de Cascadia
Wildlands Project que nous n’avons pas eu le temps d’écrire
avant, on se loue une petite chambre d’hôtel dans la ville
de San Quintin. La chambre devient un bordel assez rapidement et l’on
remarque encore une fois les propriétés expansionnistes
de notre matériel qui littéralement explose quand on s’arrête.
L’article fut facile et agréable à écrire.
La chambre est assez miteuse et l’on trouve des poils pubiques
étrangers dans nos draps. Miam! Ça m’excite!! On
demande de nouveau drap avec moins de brûlures de cigarettes.
On écoute du reggae à tue-tête avec les bons disques
de Tosh que nous avons sur l’ordi et on carbure au café.
On restera deux nuits dans le ville de San Quintin où tout le
monde sont plus air-bête que tout le monde. Une panne d’eau
dure presque tout le temps que nous y sommes et nous allons chier dans
les autres chambre du motel pour conserver notre propre air salubre.
31 janvier 2004
La bouche sèche du désert
Wou! Caramba!
C’est le désert qui commence avec une route plate et du
sable. Le paysage s’étend sur des kilomètres et
des kilomètres. Les plantes tellement spécialement bordent
la route et je suis en extase plantale. Il y a tellement de plantureuses
plantes que je ne sais plus où donner de la tête. Je tombe
en amour à chaque rencontre de ces petites et de ces grandes.
Nous trouvons une route de terre jusqu’au Pacifique où
nous trouvons une place de rêve pour camper. Nous allons prendre
une marche dans le lit d’une rivière sèche. Le sec
fait en sorte que je me demande franchement comment une rivière
a pu passer ici. Les cactus sont merveilleux mais je n’y connais
rien et je n’ai pas de livre de plantes. J’en souffre humblement
et en silence. La nuit est étoilée et le son des vagues
nous berce doucement. Souper de chorizos qui sont des saucisses que
l’on éventre pour faire cuire et qui sont terriblement
grasses, un bouche-boyau impossible à rincer de notre poêle.