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1er au 4 février 2004

1er février 2004
Les nuits des coyotes

Nous avions filtré de l’eau à San Quintin mais, cette eau était salée et terriblement minéralisée. Nous avons tenté de camoufler le tout avec de la limonade en poudre qui donne un résultat ben moyen. Nous roulons dans le paysage désertique où tout semble pareil mais qui en faite change sans que nous puissions expliquer pourquoi. Les arbustes sont plus abondants, la végétation est un peu plus verte et le cactus de telle espèce sont en plus grand nombre. Un changement à l’échelle du paysage.

Les paysages étendus et sans fin me font penser à l’arctique où la vue s’arrête à mon degré de myopie. Nous croisons Rosario, le dernier village avant plusieurs dizaines de kilomètres de désert. Nous croisons un ou deux ranchs avec des pancartes Tecate, bière mexicaine du nord et c’est tout pour la civilisation. Nous arrêtons pour dormir en bas d’une côte à côté de la carretera. Les cactus sont magnifiques et nous avons le plus merveilleux couché de soleil. Je reste un peu dans le noir à regarder la lune et à écouter le silence total. Puis, en face de moi, au loin, un coyote se met à hurler. Puis un autre répond. Je pense à mes amis. Je suis tellement bien ici dans le silence et le vide. Je sens à l’intérieur de moi de l’amour et de la paix.


2 février 2004
Le village fantôme de San Augustin

Le soleil existe bel et bien et avec le vent, nous devons boire beaucoup pour éviter la déshydratation. Un type de Rosario nous avait dit que le prochain village d’importance était San Augustin. Nous roulons un quarante kilomètres en pensant arriver dans San Augustin pour acheter de l’eau et faire des réserves en nourriture mais, à l’arrivée, c’est un village fantôme qui s’y trouve. L’ancienne station-service est à l’abandon, quelques bâtiments dont seul un mur reste debout bordent la route. Il y a une maison avec un vieux qui confirme que le prochain village se trouve à quarante kilomètres. Nous arriverons à sec.

Pour dîner, nous mangeons des quesadillas sous l’ombre d’un petit arbre, le seul de la région. Les paysages changent et se transforment en un monde de pierres blanches de différentes forment qui poussent au milieu des cactus. C’est encore mieux que dans mes rêves et le plus incroyable c’est qu’il est possible de toucher et de marcher dans ce décor de film. Nous arrivons à Catavina pour faire le plein de notre estomac avec des flautas et acheter dix litres d’eau et de la bouffe. Nous sortons de la ville et prenons un sentier éloigné pour aller planter notre tente dans ce mélange de sable et de grosses roches qui viennent de nulle part. Mis à part les épines de cactus que se sont accrochées après mes fesses et m’ont fait pleuré de douleur, l’environnement est accueillant et loin d’être hostile comme je m’étais imaginée, il est doux et amusant pour l’humain. Amusant parce que ça donne le goût de danser et de sauter sur les roches.


3 février 2004
Cool avec les gringos en exil

La route se transforme avec de grosses collines de roches et des pâturages à l’abandon colonisés par des arbustes. Nous sommes toujours dans le parc du désert central et à la fin de notre journée, nous voyons des gens en camping. Nous approchons pour camper avec eux. Ce sont des américains dont certains d’entre eux habitent maintenant au Mexique et ça fait plus de vingt ans qu’ils viennent dans la Baja. Ils doivent avoir une soixantaine d’années ou moins, des baby-boomers en tout cas. Il nous offre de la bière et on passe une belle soirée avec eux devant un feu de bois. Au matin, ils nous font des œufs brouillés aux crevettes, de petites patates sur feu de bois et du café. Ils nous quittent dans leurs véhicules tout-terrains. Certains d’entre eux avaient fait la Baja 1000 il y a quelques années et connaissent le offroad de la péninsule.


4 février 2004
Rosarito : un parmi tant d’autres

Nous roulons toute la journée. Francis a mal au cul et passe son avant-midi à chercher dans son cuissard l’épine qui lui fait mal, le pauvre petit chaton. Je revois bien la scène où en attendant que le prochain camion passe, je sors la petite pince. Lui, debout face à la route et le cuissard baissé et moi, la pince à la main, lui scrutant l’arrière-train. Un souvenir qui restera dans nos annales. Que ferait-il si je n’étais pas là!! Hihihi!

À l’entrée de Rosarito, on nous arrête à un poste de surveillance militaire. Le gars avait plutôt l’air intéressé par ma personne. Il m’a fait ouvrir mes sacs en me demandant subtilement si j’étais marié ou si c’était mon frère. Puis, il nous a laissé partir sans fouiller les sacs de Francis. On s’éloigne au plus vite de ces militaires et nous trouve un merveilleux camping sur une colline entourée de végétation incroyable que j’ai pris en photo. Je propose un joyeux photorama arrosé de bières pour les biogistes intéressés à mon retour.