10
au 14 mars 2004
10
mars 2004
Nous
nous levons à 6h pour nous sauver du soleil infernal. La route
est facile, une chance parce que j’ai de la misère à
monter les escaliers. Encore assez magané, la vie sur le ranch
n’est idéale pour me reposer et je veux attraper ma mère
et ma sœur qui arrive le 19 à Puerto Vallarta. Des fleurs
en trompette blanches et jaunes, des daturas, des légumineuses
à fleurs rose fushias parsèment notre chemin. Le trafic
est tout spécialement mongol. Fini le calme de la Baja California.
Ce n’est pas qu’il y a trop de monde sur la route, c’est
la manière de conduire qui est effrayante.
On
regarde de loin et on voit un camion chargé de gaz se faire dépasser
par un autobus, un pick-up bourré de meubles et un camion double
remorque en même temps sur cette route qui n’a que deux
voies. Pour dépasser, ils viennent donc à contre sens
dans notre voie et nous passent à quelques millimètres
de distance. Caramba!!!
Vers midi, l’on commence à cuire donc on s’arrête
pour faire la siesta sous un grand Acacia situé dans un champ
de mangues. Vers 3 h nous reprenons la route. Francis a un mal de tête
carabiné à cause de la chaleur. Nous traversons Sinaloa
pour entrer dans l’État de Nayarit. Fatigués et
vraiment crusty, nous allons dormir à Acaponeta. La journée
m’a vraiment tué et je suis plus épuisée
que jamais. Nous allons passer notre journée du 11 mars au lit
comme deux racing bunnies au bout de leur pile. Je suis totalement sur
le cul! Pour récupérer, je mange des popsicles en dessous
d’une fan avec mon amoureux. Ah! Comme la vie est dure…
12
mars 2004
La familia Peluche
La
journée s’est déroulée sans trop de péripéties.
Nous passons la siesta sous un arbre sur le bord de la route, à
manger des œufs fourrés comme hors-d’œuvre. Encore
une fois, nous nous sommes dépassés dans l’élaboration
de notre bouffe avec des idées drôles et saugrenues comme
celle des carrés-aux-dattes. Nous continuons sur la route sous
une chaleuraccablante
même à 4h PM. Lorsque le soleil commence à se coucher,
nous arrêtons dans un ranch où une famille de rancheros
nous accueillent. On se boit une Modelo Light, fameuse bière
mexicaine et Don José Burgaria Dominguez nous offre de monter
à cheval. Avec le sombrero sur la tête, on a fait le tour
d’une bonne partie du ranch avec José. Sous les couleurs
riches du crépuscule nous nous sommes balader dans les herbes
hautes en regardant brouter les taureaux et les moutons à poils
courts.
Ensuite,
bien relaxes, les femmes nous ont offert à manger des frijolitos,
des petits poissons, des tortillas et du bon lait cru de vache. Tout
en mangeant, nous avons regardé les incroyables téle-novelas
avec les 12 autres membres de la famille comme Amarte es mi pecado (T’aimer
est mon péché) et Marianna de la noche. Nous dégustons
leur crème à tartiner fait maison, un vrai délice.
Un garçon flatte sa chèvre qui est bien couchée
sur ses genous. Fatigués, nous sommes allés dans Mary.
Puis, vers quatre heures du matin, les coqs se sont mis à chanter.
Les petits maudits! Je suis sortie avec mon sling shot pour lui apprendre
à chanter quand le soleil se lève pour de vrai. Faque
vers 6h, quand nous sommes levés, tous les coqs étaient
castrés et roucoulaient comme des colombes. Bien que la famille
nous invitait chaleureusement à passer une couple de jours avec
eux, nous avons décidé de partir parce que ma famille
s’en vient bientôt.
La journée était très chaude et bourrée
de côtes que j’haïs, les longues droite qui n’en
finissent plus. À la siesta, nous avons joué de la guitare
sous un arbre pendant qu’un vieux dormait sous les bambous. Effort
pénible jusqu’à Tépic.
13-14 mars 2004
Évitant la police sur le serpentin
Nous
quittons Tépic pour se retrouver sur une route de campagne qui
passe dans des champs de canne à sucre. Nous avions vu la police
plusieurs fois sur le chemin. Le dimanche, jour du Seigneur dans ce
pays à majorité catholique, les gens ne travaillent pas
et plusieurs conduisent saoul comme des bottes en allant à la
plage. Il n’y a pas trop de trafic et surtout moins de camions,
ce qui est parfait pour nous. Puis, la police nous colle et nous fait
arrêter sur le bas côté. Nous parlons avec ce type
à moustache et bottes cirées. Il nous dit qu’il
est interdit pour les cyclistes de rouler sur les routes fédérales
parce que nous sommes des véhicules à deux roues et que
nous circulons lentement : « Ma route est la plus dangereuse
du Mexique à cause des courbes et des gens saouls. Je ne veux
pas avoir d’accidents sur ma route.» Le type à moustache
nous dit qu’on doit prendre l’autobus ou le taxi à
Compostella, à trois Km de là. Nous siestons dans cette
ville où je bât Francis aux cartes en dégustant
un bon pollo dorado et une agua fresca de Jamaïca. À 3h
on remonte sur nos bikes et on emmerde la police en se claquant une
descente de 30 Km avec des courbes et du plaisir. On s’aurait
sûrement suicidé si nous l’avions descendu en autobus.
La morale de cette histoire est qu’en obéissant à
la police, l’on se rapproche de notre mort!
Nous achevons tranquillement cette formidable journée en dormant
dans un champ de mangues.