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6 au 9 avril 2004

6 avril 2004
Coco loco!

On roule tous les trois en se racontant nos histoires de voyage en parlant des amis de Montréal; Liz, Chris, Lindsey etc. Pour dîner, le soleil tape et l’on vient de faire une bonne série des côtes assez intense. On s’arrête dans un village où on entend des enfants chantés en dansant. On cherche des tortillas mais, il n’y en a pas dans le pueblo. La femme du magasin communautaire nous vend les siennes faites à la main pour nous aider. En mangeant une paleta sous un gros arbre, nous parlons à une quinzaine de jeunes garçons. Ils nous amènent près de la lagune, à deux pas de la mer. Nous nous installons sous un cocotier pour passer une joyeuse siesta. Casey prend la guitare et joue pour les enfants. Les petits jouent à grimper dans le cocotier pour me montrer qu’ils peuvent relever le défi. On rit tout plein en jouant une pièce de théâtre inventer. Ils sont tellement gentils, joyeux et honnêtes. Ils vont nous cherche des cocos dans le haut de l’arbre et nous les préparent. Je me gave de l’excellente eau sucrée et de la chair juteuse.

On reprend la route dans la chaleur dans un monte-descend qui nous donne un aperçu de la mer de temps à autre. Le soir, on s’arrête dans un pueblito où une dame nous accueille dans son resto à deux tables. Il y a un gros Juke Box et pendant qu’elle nous prépare les meilleures langoustes que j’ai jamais mangé et tortillas à la main, on se met des bonnes tounes Bandas typiques avec le succès Caliente-caliente. Le son est tellement fort que j’en ai perdu ma sensibilité auditive. Aspect culturel mexicain intéressant : il n’y a pas de demi-mesure. Si c’est bon, il faut en mettre en masse. Bouffe trop sucrée, trop grasse, trop piquante (malgré les possibilités d’abcès anales); musique trop forte, trop longtemps; vêtements trop strechts, trop courts et beaucoup d’autres éléments. C’est évident que le trop est subjectif mais quand même… Après la bouffe, nous allons nous couché sous le pont, dans des dunes de poussières qui s’infiltre partout, esquivant la menace d’une grue et d’un trunk de chargement.


7-8 avril 2004
Muy Padre!

On se réveille avec un déjeuner restant pomme-concombre-crème moins fraîche. Des ânes freak hennisent comme des animaux en rute. J’en fait maintenant une imitation parfaite que je pourrais montrer à qui bon le voudra. Après ce show de gencives, nous prenons la route dans un terrain encore montagneux. On chante des tounes reggae. Casey a vraiment un style incroyable avec son chapeau un peu cowboy, ses caleçons de cotons padés blancs avec des traces de break et devant plutôt transparent sous la sueur. Il apporte vraiment un grain de fraîcheur à l’équipe. Francis et moi étant un peu timides même avec une bonne compréhension de l’espagnol, lui navigue sans gêne dans les rencontres que l’on fait, malgré son espagnol pitoyable (sans méchanceté). De plus, son aptitude à la guitare m’apporte vraiment un coup de main pour apprendre à jouer. Tout en nous préparant une crise d’appendicite à coup de Tang à l’orange ultra-concentré, on croise de joyeux lézards sur la route et des envolés de perroquets verts au-dessus de notre tête. On roule jusqu’au soir et dans la pénombre, nous tentons de rejoindre la mer pour se débarrasser de notre manteau de graisses sales et dormir sur la plage. On finit par dormir derrière le garage de gens qui tiennent un restaurant sur la route après un merveilleux riz au sardines.

Vers quatre heures du matin, le coq à côté de notre tente se met à chanter. Francis essaie de l’assommer en lançant des roches. Rien n’y fait. Ici, ma haine pour les coqs atteint son apothéose. On se lève et l’on finit le plat de sardines de la veille. Fatigués, nous décidons de take it easy babe! Nous arrêtons sur une superbe plage sous l’abri que nous avons nommé le pala-poo, à cause des tas de mierda de vaca. On tente de résister à l’importante tragédie des piquants de plantes qui s’agrippe à notre peau de petits cochons roses. Notre squat-palapoo est entouré de vacanciers mexicains qui viennent célébrer la « Semana Santa », et ce détail nous fera apparaître une face cachée de la culture mexicaine. Les vacances chez ces sangs-chaud de latin sont loin d’être reposante. En effet, vers les 9AM les bouteilles de bières s’ouvrent et le Juke Box commence à cracher de la musique Bandas à un seuil qui dépasse l’échelle des décibels. Les durs de durs, assis à une table et jouant aux cartes, vont l’un après l’autre choisir leur succès mélo-sentimental préféré. La tête pris entre trois Juke Box vibrant à proximité, nous avons failli y perdre notre santé mentale. Heureusement, vers les 4 a.m. la musique s’est tue.


9 avril 2004
Gamesa pour toujours!

Pour nous sauver de la dégénération occasionnée par une réoccurence abrupte de la musique Bandas, on se lève tôt et on s’arrête pour manger à l’Abarrotes près de chez nous. Suivant les fantasmes de Casey, on s’offre du yogourt et une boîte d’un kilo de biscuit Gamesa pour déjeuner. On se dirige à grande puissance vers Lazaro Cardenas. Sur le bord de la route, nous voyons des petits fours fait en terre pour cuire le pain et les empanadas. Ces villages sont principalement habités par des gens de descendance amérindienne ou encore métissée et occupent la côte de l’État de Michoacan. Nous dépassons le centre touristique de Playa Azul. Puis, vers 11h30 le soleil nous frappe violemment dans une côte et à son sommet, deux gros arbres étendent leur ombrage pour nous offrir une siesta de paix, confort et fraîcheur. On se bourre de Gamesa et on se détend en jouant de la guitare.

On repart en fin d’après-midi dans le trafic et les multiples topes (bosses de taille variées pour ralentir le trafic). On arrive à Lazaro Cardenas et on se trouve un hôtel de passe où l’on paie par heure. Le moins cher en ville! Il y a tout ce qui nous faut : porte barricadée, service de vente de condoms et bières à travers une trappe rotative, air climatisée haute puissance, télé-porn avec un léger supplément et fenêtre peinte à la can de spray noir. Pour qu’on paie moins cher, Casey a accepté de coucher à terre. Nous allons marcher tous les trois en ville pour trouver un resto que l’on termine cette vaillante journée avec double ration de paletas.

On reste la nuit du 10 avril dans notre merveilleux hôtel. Je traduis un article en français. Nous valsons dans l’atmosphère chaotique du marché public qui est toujours le fruit d’un niveau de stimulation haute intensité. Avec le bruit, les gens, la musique, les fruits et les légumes de toutes les couleurs, les têtes de porcs qui pendent, les meulent de fromage, les machines à tortillas et les kiosques de bouffe à grande friture.

Pour souper, Casey nous prépare un délicieux bouillis de lentilles que nous consommons au crépuscule sur le toit de l’hôtel El Faro, le phare, guider en nos cœurs par la lumière de ce symbole phallique. Pour accompagner le tout, je prépare de petites boules au coconut pour dessert que nous dégustons en écoutant des succès reggae. Ne pouvant trouver le sommeil, je me réfugie sur le toit de l’hôtel pour jouer de la guitare et regarder la ville qui s’étend.