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21 au 28 mai 2004


San Agustinillo,
un repos à la mer.

21-26 mai 2004

Nous sommes partis en après-midi de Puerto Escondido et nous avons dormi sous un pont à Lagartero. Nous arrivons à Mazunte où nous prenons un déjeuner moyen en compagnie d’un Suisse, Alain, qui voyage aussi en vélo. Il a passé deux mois à Cuba et a fait le voyage depuis Mérida, Yucatan. Il nous invite à rester dans un appartement qu’il a loué à San Cristobal. Il semble avoir décidément un meilleur budget que le nôtre, l’argent suisse vaut beaucoup plus cher que l’argent canadien. Nous continuons à San Agustinillo pour rencontrer Adan, un ami que nous avions connu lors de notre voyage au Mexique Nathalie et moi. Il est toujours là. Nous restons dans une cabaña au second étage avec la vue superbe, la simplicité et le bon prix. Deux jours après, nous rencontrons mon ami Simon et sa copine Isabelle qui reviennent de deux mois de tournage pour un documentaire sur la perte des traditions des mayas du Yucatan. Le projet a l’air formidable. Ils ont réussi avec succès et sont dans un état physique et mental incomparablement meilleur que lorsque Laurence, Mélanie et moi sommes revenues Vietnam. Donc, nous travaillons fort à nous baigner, à boire de la bière, à jaser et à ne rien faire. C’est dure la vie! Nous sommes maintenant prêts pour les montagnes. Ah oui! J’oubliais : mon vélo à recommencer à faire du bruit bizarre. C’est le suspense. Que se passera-t-il?


C’est en allant à Rigot, prout ta fouit ti pou

27 mai 2004

Bonjour journal, mon meilleur ami qui garde tous mes secrets sous clé. Nous sommes partis de San Agustinillo après avoir consommé une énorme papaye, donné des vêtements inutiles et dit adieu à notre cabana couleur paradis. Nous avons roulé assez vite dans les montagnes pour traverser Zipolite et ensuite Puerto Angel. Les montagnes nous font suer mais, elles ne nous tuent pas, elles alternent en montées et en descentes. Nous arrivons au marché public de Potchutla poursuivis par des nuages noirs. Je fais des achats pour le voyage pendant que Francis surveille les vélos sous un abri. Nous rencontrons une autre fois nos deux amis Simon et Isabelle avec qui nous jasons autour d’un café de olla. On s’est vraiment bien amusés avec eux et ils me manqueront. Nous quittons la ville et prendrons les montagnes en traversant les petits pueblos où les gens sont contents et surpris de nous voir. On salut tout le monde et ils nous répondent de ce merveilleux Buenaaaas, au son allongé. On continue à subir et l’on croise des gens à machete qui coupent du bois dans la forêt dense et humide. Elle fait de l’ombre à la route qui serpente en suivant une rivière. Nous passons un village et plusieurs enfants nous dévisagent, un peu après lorsqu’on passe devant eux. Après le village, nous rencontrons une forte montée et nous n’en supportons pas beaucoup plus avant de planter notre tente. Nous descendons à la rivière en marchant avec précaution dans la pente forte. C’est l’extase! On se baigne tout nu dans la rivière fraîche. Tout mon corps est dans l’eau et je sens la lourdeur de mes muscles s’évaporer. On remonte, on mange et on dort. À cause de la petite fraîcheur de l’air, je dors comme une bûche.


A beil, y faut que j’m’en aïe!
28 mai 2004

La journée commence par une montée vertigineuse. Nous arrêtons prendre de l’eau au ruisseau près d’une finca de café organique et nous continuons de monter. Même si nous arrêtons à chaque kilomètre parce que nous ne sommes plus capables, nous avançons peu à peu. Le gars à la machete nous a dit hier que nous avions fait la partie plate et que le reste c’était de la montée. Nous arrêtons acheter du miel dans un kiosque sur le bord de la route et les gens nous disent qu’il provient des ruches situées en face d’où nous avons campé. Il est vraiment excellent et on prend des pauses «miel» pour se donner l’énergie pour continuer. Puis, voilà que nous avons de la compagnie. Leonardo nous suit en vélo et son frère Hugo marche à côté de nous avec sa brouette. Ça donne une idée de notre vitesse qui est d’environ quatre kilomètres par heure. La végétation change et nous voyons davantage de pins, l’air reste frais et les odeurs apaisantes. Les amis nous suivent jusqu’à leur ruche et on leur demande de prendre une photo de leur travail. Voici que commence pour moi une expérience traumatisante. Nous approchons et regardons les ruches. Puis, d’une de ces ruches en forme de petits bureaux, les guerrières sortent. Nos amis nous pressent de revenir à la route. Puis, je me fais piquer et des dizaines d’abeilles se regroupent autour de moi pour m’attaquer. Ils me crient alors de courir. Je cours et je cours, frappant les abeilles qui me pourchassent. Après plus d’un kilomètre, il n’en reste plus et Hugo me crie que je peux m’arrêter. Je me suis encore fait piquer et je ne comprends pas pourquoi elles n’ont attaqué que moi. Qui sait ce qui les a attiré à moi. Nous continuons à monter et je tremble un peu imaginant que d’autres viennent pour me piquer.

Nous poursuivons la montée difficile dans un paysage spectaculaire avec les montagnes qui se laissent voir à l’horizon et de petits villages qui s’accrochent au loin. Nous avons fait moins de 15 km lorsque nous arrêtons manger. Le ventre bien rempli, nous enfourchons les vélos en chantant des chansons qu’on invente. Des nuages de pluie envahissent la route et nous roulons dans les petites gouttelettes en regardant les montagnes vertes. Après 19 km de pesante montée, 1 km de descente et 3 km de dure montée, l’on dégringole dans la gorge d’une rivière sur 3 km. Nous montons notre camp à la sortie de Jalatengo. Nous sommes fatigués mais tellement heureux d’être dans ce paysage, de croiser ces gens sympathiques et sincères. On met la tente à un pied de la route sous un grand pin. On a la chance de se laver dans un ruisseau qui est bien froid mais satisfaisant. Je pense souvent à respirer comme si l’air qui me remplit profondément a un pouvoir magique qui nettoie le corps.