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13 au 15 juin 2004



Déménagement à Oaxaca
13 juin 2004

Dans l’action de la maison du CIPO, nous ne pouvons pas travailler. Nous décidons de déménager dans un hostal, pas très cher où nous pourrons cuisiner notre propre nourriture, dormir bien et mieux, avoir la paix et travailler tranquille. Nous arrivons en milieu d’après-midi et rencontrons Julien, un québécois que nous avions rencontré sur la plage à Masunte, et son amie Marie-Ève, une fille qui avait travaillé au MEC avec Francis. On flâne, on parle, on organise la chambre, on va faire des courses. Jour type improductif. Mezcal…Discussion avec d’autres voyageurs en vélo. Des hollandais qui font six pays en huit mois sur plusieurs continents. Ils savent bien se plonger dans l’aventure en faisant du hors-piste dans des endroits fort éloignés. On finit par dormir comme des bûches.

Les plaisirs de l’inefficacité et le travail à la chaîne
14-15 et puis 23 juin

Aujourd’hui on se fouette pour travailler après avoir changé de chambre. Comme deux végétaux que je rabaisserais au niveau de l’algue dans la chaîne évolutive, nous n’avions pas pensé à regarder s’il y avait une plug pour brancher l’ordinateur. La chance est avec nous, et nous nous retrouvons dans la plus belle chambre de l’hôtel avec deux étages et un style rustique, vent frais et libre de moustiques. Nous avançons dans les articles à pas de tortue. À l’hôtel on se fait des crêpes, on tente de relaxer un touriste australien anxieux et l’on jase avec des français.

Nous allons visiter l’oncle à Francis que nous avions déjà vu avant de partir à Yaviche. Celui-ci est écologiste et a démarré une ONG qui s’appelle Instituto de la Naturaleza y Sociedad, une organisation qui travaille avec les communautés indigènes de Oaxaca. Tout pour m’intéresser et vouloir en savoir plus. Cependant, Pépé s’est avéré plutôt froid, comparativement aux autres oncles de Francis qui nous ont accueilli à bras ouvert. Il a quand même été gentil de nous inviter à manger avec sa femme Laura et à prendre le café dans sa maison située hors de la ville et construite par la famille. Ils nous ont aussi organisé une rencontre avec Gustavo Esteva, un intellectuel activiste qui travaillé auprès des zapatistes et à participer à créer l’Unitierra.

Entre une tentative d’aide auprès de deux québécois JP et Guillaume qui cherchaient du gaz pour leur réchaud et une fiesta au mezcal, nous nous rendons à l’Unitierra dans l’après-midi. Nous avons une brève discussion avec Gustavo, qui nous fait réfléchir sur la résistance comme un support de la structure existante. Il parle plutôt de la création d’un monde nouveau, tout simplement. Nous assistons ensuite à un séminaire sur le livre de Ivan Illich, la convivialité. Comparativement à nos prosits, mes cours avec tuteur pour ceux qui ne connaissent pas le jargon, j’ai trouvé qu’il y avait un contrôle des idées par le tuteur et ses disciples. Le livre à l’air pas pire mais, je n’ai pas aimé la formule de leur séminaire.

Nous revenons le lendemain pour écouter une série de courts documentaires sur des projets de régénération culturelle dans des communautés indigènes. Michael nommé Chivo, un canadien étudiant à l’Unitierra, nous avait invité à rester chez lui la veille. Évaluant que le budget s’amenuise, nous décidons de déménager une cinquième fois à Oaxaca et de quitter l’inhabituel et merveilleux confort de notre chambre. Malgré que nous n’ayons pas l’impression d’être les bienvenues, même s’il nous avait invité librement, nous avons tout de même la paix pour écrire nos articles. Sans le voir très souvent, nous pouvons cuisiner et écrire toute la journée. Chaque jour amenait sa dose de moustiques à éradiquer, développant des tactiques d’attaques surprises et d’études stratégiques pour frapper au bon moment. Pour deux soirs, nous assistons à une rencontre musicale entre amis chez la voisine du Chivo, une femme plus âgée ultra-sympathique. La soirée la plus mémorable est lorsque environ cinq à dix jeunes de notre âge viennent jouer avec la voisine. Chacun armés d’une guitare miniature, un instrument typique du nord de l’État de Veracruz, ils chantent ensemble des chansons traditionnelles de cette partie du Mexique. Les chansons sont sous forme de dialogues et laissent place à l’imagination du musicien. Le résultat est incroyable, arrosé de chingre (boisson forte indigène à base de canne à sucre) et embaumé d’herbe; j’ai vraiment bien trippé à me voir ici, dans ce moment magique. Encore une fois j’ai joui sur ce que m’apporte le Mexique, un pays tellement riche en traditions et un monde de diversité. J’ai aussi appris à me méfier du Chingre parce que le lendemain on se sent mou, apathique et incapable de faire des choix, mais surtout que ça fait mal aux yeux (hum! y’a du méthanol là-dedans).

Le reste du séjour, nous l’avons passé chez le Chivo à écrire des articles, à lire et à cuisiner. Nous avions besoin d’un brin de stabilité. Nous sommes allés en bike jusqu’à Monte Alban qui est vraiment superbe. Nous sommes sortis avec l’oncle à Francis, Laura et ses deux filles, pour voir un show à la Central. Le show était joué par des musiciens français qui jouaient du petit jazz latin qui aurait fait sûrement fureur chez les touristes mais qui ne fittait pas du tout dans ce bar underground mexicain. Le monde avait qui on était, gueulait Oyé Como va? De Santana pour niaiser le band. Après avoir fait réparer la bicyclette de Francis, nous sommes enfin partis le 23 juin.