8
au 10 août 2004
Huehuetenango chez
une famille ultra-sympatique
8- 9 août 2004
On
se lève. On gosse après le réchaud qui ne fonctionne
pas. On cueille l’eau à la source. On remercie la famille
du Buvi qui nous reconduit jusqu’à la porte pour nous souhaiter
la meilleur des chances. Nous partons dans les montagnes en criant des
oulouléhéidou! Des paysans répondent à nos
cris du haut de leur milpa à flanc de montagne. On s’appelle
en criant comme des petits fous. C’est magnifique!
Les
femmes brodent sur la véranda et les gens nous saluent. On croisent
un homme à chapeau qui reste la tête appuyée sur
les genoux, son petit chien dormant dans son ombre. Nous sommes dimanche,
il doit être saoul mort. Un autre homme nous salue avec un long
buenaaaaaaas! J’ai pu sentir son haleine alcoolique à plusieurs
mètres de distance.
On croisent les gens qui travaillent leur milpa où l’on
voit pointer des fleurs orangées de courges. À d’autres
endroits le maïs sèches au soleil. Nous arrêtons dans
un resto sur le bord de la route. Deux jeunes hommes assis à
une table y ont accumulé plusieurs bouteilles de bières
vides. Ils quittent l’endroit à notre arrivée.
La femme nous charge plus cher que ce que nous croyons être le
vrai prix, mais elle s’obstine à fond. Lorsque d’autres
clients vont payer, elle leur charge moins cher et ceux-ci disent que
c’est quand même dispendieux. La soupe « caldo de
gallina » est délicieuse avec de la poule et des bons légumes.
Cependant on ne veut pas que les gens nous prennent pour des cons, nous
avons payé le prix des autres clients!
Nous
avançons lentement avec un vent de face qui nous tue. Sans vraiment
croire que l’on se rendrait vraiment et rêvant de dodo en
regardant toutes les touffes d’herbes vertes, nous arrivons à
Huehue avec succès. Francis téléphone à
Nelson qui nous avait invité à le visiter lors de son
passage au Buvi hier soir.
Nous le rencontrons dans la ville et nous le suivons en camion jusqu’au
centre de Huehue. Nous rencontrons les trois enfants de 12, 15 (Graciela)
et 16 (Nelson) ans ainsi que sa femme Sandra. La maison de style coloniale
est magnifique avec un jardin intérieur et une fontaine avec
des poissons dedans. La maison appartenait au père de Nelson.
La famille a un chien et ses chiots et un chat.
Nous
prenons le café ensemble. Ils tiennent une pâtisserie assez
grosse fournissant quatre magasins. Grâce à un programme
d’aide, plusieurs étrangers sont venus partager leur expérience
de gestion avec ses deux entrepreneurs, Sandra et Nelson. C’est
Sandra qui a parti l’affaire il y a plusieurs années en
vendant des gâteaux. Sandra est l’opposée des femmes
que l’on retrouve au Guatemala avec ses six pieds six pouces et
ses yeux clairs. Nous avons jasé et jasé. Ils nous ont
montré notre chambre et nous nous sommes reposés et lavés.
Nous avons soupé avec toute la famille et décidé
que nous allions rester le jour suivant.
Le
9 au matin nous déjeunons avec la famille et nous partons avec
Sandra qui nous fera découvrir les attraits touristiques de la
région. J’adore vraiment discuté avec elle. Contrairement
à beaucoup de femmes guatémaltèque et mexicaine,
elle conduit, elle parle beaucoup, elle fait des blagues, elle porte
le pantalon et elle est vraiment dynamique. Ce fût une merveilleuse
journée en sa présence et nous nous sommes bien amusées.
Au début nous devons aller visiter les ruines de Huehuetenango,
mais même si elle s’obstinait avec le gars de l’entrée
en disant que nous étions sa famille en visite, il n’a
pas voulu baisser le prix assez élevé pour ce qu’il
y a à voir. À la place, nous sommes allées voir
le mammouth sur le terrain d’un homme très sympathique
qui a trouvé une molaire de mammouth en creusant un puit dans
les années 70. Il y a eu des excavations avec l’Université
Simon Fraser qui ont mené à la découverte d’ossements
de glyptodontes, de cerfs et de mammouths. Ça pu montré
que le mammouth s’était effectivement rendu jusqu’en
Amérique centrale. Super intéressant avec la présentation
du propriétaire du terrain qui a vu sa vie changer avec sa découverte.
Puis,
en soirée, Nelson et Sandra nous ont conduit jusqu’au sommet
des Cuchumatanes qui dépassent les 4000 mètres d’altitude.
La vue était stupéfiante avec la formation des nuages
de pluie sur la chaîne de montagnes qui s’étend.
Nous sommes ensuite allés traverser les plaines du sommet qui
étaient dans une période exceptionnelle de floraison.
Le paysage rond et vert profond, avec de longues bordures recouvertes
de fleurs rouges appelée « llamas de fuego » ou flammes
de feu. Nous croisons des femmes lavant le linge dans le ruisseau. Au
sommet des Cuchumatanes, les gens élèvent des moutons.
Justement, c’est du mouton que nous allons manger avec Nelson
et Sandra. Le repas est délicieux et nous revenons à la
noirceur dans les courbes abruptes de la montagne. On parle de la guerre
civile qui s’est terminé avec la signature des accords
de paix de 1997. Il y a eu un génocide avec plus de 200 000 morts
pour une population de 10 millions de personnes. Bien évidemment
soutenu, armé, entraîné et payé par le Gouvernement
américain. Nelson a eu son frère de tuer. Il fallait la
fermer sinon il se ferait tuer aussi.
Une nuit chez les Mormons
10 août 04
Nous mangeons avec la famille et nous partons. Je suis vraiment émue
et j’ai les larmes aux yeux en traversant la ville de Huehuetenango.
J’ai vraiment adoré ces gens et j’espère que
nous pourrons aussi leur faire découvrir le Canada s’ils
se décident à venir.
Nous
travaillons assez fort dans les montagnes. Je pète le feu et
j’aime sentir mes muscles qui travaillent. Francis se sent plutôt
mal et on doit s’arrêter de temps à autre. Nous avons
droit à un merveilleux repas avec soupe, repas principal, jus
et fruit pour une somme de Q10. Nous croisons des villages où
les maisons sont cachées par le maïs qui pousse et on y
voit que les toits. En fin d’après-midi, je me sens mal,
comme si quelque chose suçait mon énergie vitale. Je dois
courir avec le papier de toilette pour me cacher derrière le
buisson. Nous achetons des pommes d’une petite fille vendeuse
sur le bord de la route. Je lui offre une fleur « llamas de fuego
» et elle m’offre un beau sourire. Nous sommes fatigués,
surtout moi, et Francis demande à des paysans si nous pouvons
dormir sur leur terrain. Ils ne veulent pas. Ils ont sûrement
peur. Nous nous trouvons au dépourvu puisque nous avançons
à rythme de tortue dans la grosse montée.
Puis,
dans la lumière spectrale de cette fin d’après-midi,
l’Église de Jésus Christ des Saints des derniers
jours nous offre un salut. Je n’aurais pas su, moi qui fréquente
très peu les églises zarbi, mais ce sont les Mormons.
Je demande un homme de l’Église l’hospitalité
pour mettre notre tente sur leur terrain. Wow! Que la vie nous mène
dans des endroits bizarres ! Jamais j’aurais cru dormir sur le
terrain d’une église mormone un jour. De jeunes hommes
à cravate viennent nous parler de leur ton d’animateur
scout. Ce qui aurait pu devenir une expérience spirituelle revitalisante
(je déconne complèment!?!), s’est avéré
plutôt un choc corporelle. Le diable a envahi mon corps de non-mormone
pour me donner la forte fièvre. Faque je me suis habillée
de tout ce que j’avais (je sais qui faut pas faire ça,
mais j’avais trop frette). Francis m’a gentiment fait à
manger. J’ai dormi.