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11 au 15 août 2004





On zou et bon voyage Drue
11 août 04

On fait une bonne journée mais je suis fatiguée et je dois me botter le dernière à grands coups. Nous faisons un 34 km avant le lunch ce qui est pas si mal vu les montagnes. À la sortie de Cuatro Caminos, je suis vraiment épuisée et j’ai l’impression de faire encore de la fièvre. Nous arrêtons faire une petite sieste sur le terrain d’une maison abandonnée. Après quelques temps, je me décide à continuer sur l’affreuse montée de 21 km. Nous commençons à monter dans le trafic horrible et un air pollué. Nous arrêtons boire de l’eau à côté de deux femmes indigènes qui gardent leurs moutons. Nous passons un village où les maïs dépassent les maisons. Je demande à une jeune fille où nous pouvons trouver de l’eau à boire et elle nous introduit à la source qui est aussi le lieu du lavoir communautaire. Alors que l’on remplit nos sacs et bouteilles, des jeunes enfants et des femmes rigolent en se cachant ou nous scrutent en disant je ne sais quoi dans leur langue. Au début c’est assez étrange ce genre d’attitude, mais y faut pas penser que c’est vilain. Ils rient probablement de nos habits et si j’étais à leur place je ferais sûrement la même chose.

Avec un succès dans les pédales (du moins pour moi qui est fière de m’être rendue dans cet état), nous montons nos vélos sur une côte qui surplombe la route. Le soleil couchant rougeoie montrant le pic des volcans et les grands pins comme des ombres chinoises. Quelques troubles de cuisine avec le réchaud qui ne fonctionne pas bien et deux échappements d’eau bouillante.
Durant la nuit, j’ai encore de la fièvre mais aussi le ventre qui forme un ballon dure.


Histoire Drue
12 août 04

Avertissement : les mots qui suivent peuvent choquer le lecteur sensible (ma sœur). Quoique véridique, les faits qui vont suivre ont été dulcifiés pour rendre digestible le contenu abrasif de la réalité.

Donc, les oiseaux chantaient en ce merveilleux matin du 12 août et le soleil brillait. Dès l’aube, je m’étais éveillée aux premières lueurs pour aller m’accroupir au-dessus des aiguilles de pins. Progressivement, la consistance s’est détériorée vers un niveau nul, alors que j’atteignais le bout du rouleau. Par chance, vient le renfort du deuxième rouleau. Nous sommes prêts à partir et les vélos sont sur le bord de la route. Moi, le front en sueur, je fais des allers-retours entre la route et la confortable forêt de pins que j’éclabousse grassement. Francis est patient, il se fait bronzer, en attendant le verdict. O.K. la prochaine ville. Je me mets en selle, résorbant de tous mes muscles, les vagues intestinales qui me parcourent.

Dans la chaleur accablante, je me garde en éveil en guettant les points d’évacuation en cas d’urgence. Je m’imagine fertilisant les champs de maïs, alors que survient le moment D. Je cours contractant du plus fort possible mes muscles, dévalant la côte. Entre des arbres et dans une côte accidentée, j’ai largué. À mon retour à la route, piteuse, la tête me tourne et je suis très faible. Je m’aperçois que je ne peux pas faire du vélo aujourd’hui, même mon cuissard apeuré m’en supplie. Nous faisons du pouce et en moins de deux minutes un gars nous embarque sur 20km. Roulant à toute allure avec la salsa dans l’tapis, nous arrivons à Nahuala. Nous descendons la longue côte et montons l’autre pour arriver à ce village purement indigène. Nous atterrissons dans un hospedaje crasseux; toilette commune avec une caisse de papiers sales, douche brune-grise puante et hygiène non-existante. J’ai des allergies respiratoires qui commencent à rester dans cette chambre. Mais c’est correct! La force des choses me fait perdre toute inhibition des bruits qui surgissent. La vie se poursuit dans Nahuala malgré mes rugissements anaux. Pendant un instant de stabilité, nous allons savourer le délicieux pepian de poulet, plat typique guatémaltèque.

La ville est intéressante. Il y a beaucoup de sans-abris, de vagabonds qui nous coinceraient bien dans une ruelle. Les gens nous dévisagent. Francis qui est allé me chercher du suero (électrolytes), m’a dit que les gens dans la rue riaient de lui bien ouvertement. Détail d’importance : lorsque je dis que le village est indigène, ce n’est pas écrit sur une pancarte! C’est que les gens sont habillés différemment; certains hommes mais, surtout les femmes sont bien belles dans leurs broderies multicolores. Alors que mes tripes se liquéfient, je tente de me convaincre que je vais mieux. Le pouvoir mental qu’alimente la chambre d’hôtel putride et la peur de pourrir ici, réussit à me remettre sur mes pédales. Nous avons passé le treize à Nahuala et maintenant c’est assez! Je veux partir.



Échec et marde (esti qu’est plate!)
14-15 août 04

Par ce matin florissant, nous savourons le petit déjeuner typique et unique possibilité (œufs, fèves, tortillas et café). Je dois m’absenter à quelques reprises pour visiter la meilleur amie de la diarrhétique, madame toilette. Bicycle-bicycle, oui-oui! On va faire du bicycle, youppie! Quelques kilomètres après la sortie de la ville, je n’en peux plus. Il y a tellement de côtes que ça me tue. Nous nous rendons à l’évidence : je ne suis vraiment pas guérie et nous devions à Maya Pedal pour le 15 août où nous avons dit que nous passerons deux semaines. Le temps s’amenuise et si on ne se dépêche pas nous arriverons à la terre de feu dans la neige. Nous ne voulons ni l’un ni l’autre retourner à Nahuala. Issu : faire du pousse jusqu’à Chimaltenango (à 120km). C’est ce que nous ferons.

Nous trouvons un hôtel à prix potable, mais quel luxe! Il n’y a pas de crottes de nez sur les mûrs, mais bien des cadres! Ah! Ça fait quand même du bien.
Pendant notre séjour nous allons déjeuner chez une vielle madame qui tient un comedor. Pour cinq quetzales nous déjeunons (bien sûr avec œufs, fèves, tortillas, café). Sur le mûr, il y a une affiche qui nous fait bien rire : celle d’une amende (feinte) de 500 quetzales pour une personne qui est pris à essuyer ses doits sur le mûr. À côté sur le mûr, il y a plein de traces de doigts des clients passés. Mon petit corps de malade se sent misérable et attaqué de toutes parts par les risques d’infection. Mon hypochondrie est alimentée par le non-hygiène.