Accueil --> Français --> Journal de bord

 

 

12 au 24 octobre 2004




Deux estropiés en vacances
12-18 octobre 2004

Pour poursuivre avec ma Chronique Marde, je dois confier que je conserve une diarrhée persistante depuis le Guatemala, ce qui a tendance à me rendre plus fatiguée quand je fais du vélo au gros soleil. Je suis quand même habituée maintenant à chier très mou mais cet épisode doit prendre fin. Je décide de voir un docteur pour les besoins de la cause.

Ce matin-là, au réveil, il faisait beau soleil et un doux rayon venait caresser nos fesses blanches. Puis la chose la plus étrange que je n’ai jamais vu se produit. Assis sur le lit, Francis tousse et se bloque le dos d’un coup. Pauvre petit lapin ne peut plus bouger. Il a de la peine à marcher avec une chaise pour se tenir et je dois prendre toutes les précautions pour mettre les coussins pour qu’il s’assoie sans trop de douleurs. J’ai vraiment ri du ridicule de la situation; lui pas. Le médecin viendra le jour même pour nous examiner.

Populaire chez les joueurs de base-ball, Francis s’est coincé un muscle intercostal et doit maintenant suivre un traitement sous une ampoule rouge et chaude. Couché sur le lit, j’ajuste l’ampoule vis-à-vis de son muscle trop tendu et il reste là pour trente minutes sans bouger. Il est traité aux anti-inflammatoires et passe ses journées à lire ou à écouter la télé. Il n’a pas très bon moral et trouve la vie assez difficile dans sa situation. Je joue à l’infirmière pour Francis et je collecte mes échantillons fécaux chaque matin à mon levé. De toute façon, nous n’étions pas très motivés d’aller découvrir la ville, nous sommes plus amoureux de la campagne.

Les jours passent et la condition de Francis s’améliore. On cuisine des bons repas avec Mireille et on sort pour aller à une exposition de guitares nica où Mireille s’en achète une pour apprendre à jouer. Nous allons manger du gâteau.

Puis, le jour suivant, nous allons rencontré le Réseau national de protection des consommateurs (voir article). Nous assistons à une réunion et nous découvrons avec plaisir que les nicas ont vraiment beaucoup d’expérience pour s’organiser. Grecel, une amie nica de Mireille que j’avais rencontré en 98, vient souper à la maison et nous invite à un concert. Le show est assez bon et nous buvons comme des trous. Le lendemain nous sommes assez off et ceci termine nos aventures.


Route mange-poussière.
19 octobre 2004

Le médecin n’a pas trouvé les causes de ma diarrhée persistante. Ça passera probablement dit-il! On reprend donc la route vers Masaya, hors de la pan-américaine, qui est en très bon état paraît-il. Malheureusement pour nous, cette route était embourbée, en chantier construction et saturée de poussières. Faque les yeux à moitié fermés, nous avons continué à pédaler en tentant de faire abstraction du gros trafic. Nous passons ensuite le volcan de Masaya qui est toujours en activité et nous nous reposons en regardant un merveilleux lac au milieu d’une étendue de forêt. Nous avons passé des zones franches.

Au Nicaragua, le manque d’emploi et les bas salaires font en sorte que le travail dans la maquila est considéré assez bien payé dans certain cas. Il offre en plus un travail à des femmes qui n’auraient probablement pas trouver mieux que vendeuse de la rue. Il est parfois dure à croire que ces compagnies, délocalisés pour s’offrir une main d’œuvre bon marché et autres avantages qu’offre ces pays croulant sous les dettes, se révèlent comme une opportunité dans des pays pauvres. C’est cependant vrai. Est-ce que ceci justifie la façon que le monde tourne? Les pauvres toujours plus pauvres et plus nombreux et les riches… toujours plus riches dit-on. Pour ceux qui croient encore que si l’écart entre les riches et les pauvres continuent d’augmenter, un jour les gens vont se lever et changer les choses… Je crois que le raisonnement est erroné puisque la pauvreté et la souffrance sont déjà extrême et que son augmentation ne fera que continuer cette chaîne… C’est plutôt à tous qu’il advient de se mobiliser, à se solidariser et à changer les choses! Pour la dignité humaine, par compassion pour nos semblables!

Merci d’être à l’écoute, cette annonce est d’une gracieuseté de Panasonic et Wall Mart!

Nous arrêterons de pédaler vers 16h et nous demandons à une famille de camper sur le terrain à côté de l’église. La famille et les enfants s’attroupent rapidement pour venir voir les bizarres… Ils sont très gentils et j’adore répondre à leur question. Ils nous laissent nous débarbouiller derrière la maison. On cuisine avec le merveilleux nouveau réchaud. Puis, la pluie commence. Les gens de la famille nous incitent à dormir dans l’église et nous débarrent la porte.


Cowpie Head
20 octobre 2004

Dans notre promenade parcimonieuse de l’Amérique, nous avons découvert plusieurs erreurs sur les cartes routières. Aujourd’hui fût une de nos découvertes importantes. Des 70 Km qu’il devait nous rester jusqu’à San Juan del Sur, ce sont plutôt 100 km que nous avons dû faire. Heureusement, après avoir monté un peu en avant-midi, la route a commencé à descendre. Nous avons passé un village exposant l’artisanat local comme des mobiles, des sculptures, des vases, de la vaisselle… Nous avons passé Nandaime, sommes restés pris dans le trafic des bici-taxis et des charettes à chevaux. Après un dépassement nous avons rejoint l’embranchement pour San Juan, laissant derrière nous la magnifique Île d’Ometepe. Nous n’allions quand même pas escalader des volcans dans notre état de piteux-pitous. Sur une route parsemée de nids de poules et de bouses de vaches, nous avons commencé la guerre du cowpie head et cowpie brain. Je suis cowpie brain et Francis est le cowpie Head. À bout de force, dans la chaleur de l’après-midi, on joue à se rentrer dedans avec nos bikes, le but est de faire rouler l’adversaire dans les bouses ou le faire rentrer dans un nid de poule.
Arrivant à San Juan, les prix sont trop chers pour nous. Nous finirons dans un trou à rat où nous monterons la tente sur le lit pour éviter d’attraper la malaria. Juste signifier que l’abordable n’est pas toujours confortable.


Majagual, route de terre et les jeunes chrétiens.
21-24 octobre 2004

Nous partons dans ce beau matin vers cette plage presque déserte comme nous avait parlé Mireille. Nous nous imaginions seuls avec une famille de Nica, sous un petit resto palapa et pouvoir camper gratuitement à côté comme nous l’avions fait au Mexique. Cependant, la situation s’est trouvée fort différente. Tout d’abord, les chemins de terre pour se rendre était horrible et nous avons dû pousser tous les deux, une bicyclette à la fois pour arriver en haut d’une côte. Ensuite, la descente est un one way sens car nous glissons littéralement sur des incroyables rampes de bouette. Nous arrivons à la plage boueux et suants, pour se rendre compte que notre paradis n’est pas ici. Nous avons plutôt un « resto-écolodge » avec des babacools (et pas un nica sauf ceux qui servent) où ils nous font payer un dépôt avant même de nous avoir montré les installations. On réclame notre dépôt et on crisse notre camp de là.

Nous plantons notre tente gratis sur une plage, à côté d’un autre camping. C’est loin d’être aussi paisible que nous l’avions imaginé mais nous tentons de nous satisfaire de l’endroit quand même. La plage est superbe. Nous cuisinons notre bouffe et on se baigne dans la mer. Une bonne fois, je vais laver les casseroles. J’ai à peine commencer qu’une vague me l’arrache des mains et puis, nous ne l’avons plus jamais revu. Elle a disparu dans la mer. Ça fait chier mais au moins je ne l’avais pas encore laver! S’aurait été pire perdre la casserole après l’avoir lavé, n’est-ce pas. Dans la liste des malchances, je me suis fait voler une sandale, probablement par un chien vagabond traînant sur la plage et je ne l’ai jamais revu. Aussi, nous avons découvert un petit trou dans notre bouteille de réchaud et l’essence coule lentement mais sûrement.

Je suis rester à lire et à surveiller le retour possible de la casserole. Nous avons rencontré trois américains de notre âge, Sam, David et Mr. X (petit oubli) qui voyageait en westfalia depuis New Mexico jusqu’à Panama City. Ils ont l’air cool et assez relaxe, un peu hippie. Ils nous proposent de nous faire sortir de là en mettant les bikes sur le toit.