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1er au 8 novembre 2004



Monte Verde, une vraie maison pour nous.
29-5 novembre 2004

Le dodo n’a pas été suffisant pour adoucir mon caractère de grosse brute. Je suis vraiment épuisée et j’aurais besoin de mille et une nuits à dormir et dormir bien et longtemps. Après avoir entendu plusieurs paysans passer à côté de notre tente, nous décidons de nous lever. On ne déjeune même pas. Nous allons attendre un lift qui voudra embarquer tout notre équipement et nous. La route est impraticable avec le poids que nous avons. Après quelques heures, quelqu’un nous embarque, c’est un Tico. Malgré qu’on lui ait fait bien comprendre que ce serait pour nous vraiment très aimable et salvateur de nous amener le plus proche possible d’où nous allons, il ne se donne pas la peine. On veut pousser les vélos, ça ne marche. On veut pédaler, c’est trop dur! Donc, à Monte Verde, avec le sentiment que nous ne fittons vraiment pas avec les vélos très chargés (trop lourds) dans les routes de terre et les grosses montées, et avec un brin de désespoir et une tonne de fatigue; nous arrivons enfin chez Tania après avoir traversé des chemins trop difficiles. Tania n’y est pas mais elle nous a laissé la clef. La maison est incroyable. C’est une maison tout en bois, située près de la forêt, bien décorée et avec cuisine, salle de bain (hum! Étonnant?!). Nous prenons nos aises et nous relaxons…

Nous n’avons presque pas fait de vélo, mais nous sommes épuisés. Depuis chez Mireille où nous sommes arrêtés, puis la plage, puis ici, nous avons réalisé très peu de kilomètres mais nous sommes vraiment fatigués. En plus, il y a plusieurs choses qui traînent comme les articles du Salvador et du Honduras, et maintenant celui du Nicaragua. Je commence les deux premiers chez Tania avec l’impression que je n’ai pas assez de temps pour me reposer, mais que j’ai des choses qui me tiennent trop à cœur pour que je les laisse tomber. Nous téléphonons et faisons des recherches pour des organisations à rencontrer au Costa Rica. Puis, nous décidons de ne pas faire de rencontres au Costa Rica. Pas parce que ce n’est pas intéressant ou qu’il n’y a pas de résistance mais parce que nous sommes fatigués physiquement et mentalement.

Après quelques jours, Tania et Jim reviennent. Ces deux hippies sont vraiment cool. On fait des soupers ensemble. Tania parle de ses voyages au Guatemala, Mexique et Indonésie lorsqu’elle avait 25 ans. Elle nous suggère de s’arrêter pendant un mois quelque part et nous fait voir que ce n’est pas cher de louer une maison ou quelque chose.

Puis, on visite aux alentours. Je vais au Jardin de Papillons. Nous allons dans le Parc de Monte Verde où j’observe les belles fougères arborescentes, les colibris, les plantes épiphytes incroyables. C’est tellement beau! On visite l’usine de fromage des Quakers et on s’achète du fromage et du lait frais. On boit du bon café produit ici par une coopérative. On se fait de la pizza nous même et je fais de barres granola pour le voyage. On fait plein d’observations d’oiseaux intéressantes. Je crois que j’aime vraiment le Costa Rica!


Une nuit chez les pompiers.
6 novembre 2004

Nous partons de Monte Verde en autobus cette fois. Quelques troubles pour les vélos mais rien d’important comparer avec le chemin d’aller. Je continue d’observer la végétation et ses changements selon l’altitude.

Puis, nous arrivons à la route. J’ai besoin de rouler seule et je pars en avant pendant que Francis attend durant une heure. Je me sens bien. Je m’arrête quand je veux pour boire, manger. Je vais à mon rythme. Les ticos sont vraiment sympathiques et ils me klaxonnent, m’envoient la main et me donnent des encouragements. Un camion s’arrête à côté de moi et je parle avec eux. L’homme nous invite à venir passer du temps chez eux. J’en parlerai à Francis. Je continue. Dans une côte, je m’arrête pour souffler lorsqu’un type descend la montagne en vélo de l’autre côté de la route. Je le salue. En me voyant, il reste tellement surpris qu’il tombe dans le fausset. Ah! J’ai donc réussi à faire planter quelqu’un avec mon charme! Je vais le voir tout emmêler dans sa bicyclette rose trop petite pour lui. Il a quelques blessures. Puis, un autre cycliste arrive. C’est un pompier. On parle ensemble. Il me propose d’aller dormir à la station de pompier d’Esparza. Il s’agît de la ville où je devrai attendre Francis. J’arrive donc à Esparza et pendant mon attente, je parle avec des gens sympathiques et je découvre les merveilles de « el agua de pipa » (Eau de pipe!). Je demande à la petite fille de m’expliquer ce qu’est el agua de pipa. Elle me dit : ça vient d’un grand arbre, l’arbre a des boules et l’eau de pipe vient de ces boules! J’ai bu à la paille le petit jus blanchâtre en lisant mon livre.

Puis, Francis est arrivé épuisé et tout mouillé par la pluie. Il a bu une agua de pipa et nous sommes partis à la station de pompier. Alors que nous pensions dormir dans la cour de la station, ils nous montrent le dortoir vide et les douches très moderne. Youppi! On prend notre douche chez les pompiers. Un des pompiers volontaires donne sa chemise de pompier à Francis comme souvenir du Costa Rica. On va m’acheter des sandales et je trouve les plus merveilleuses et confortables sandales du monde pour seulement 4$. On fait à manger dans la cuisine des pompiers et on jase avec eux. Ils sont super drôles et sympathiques, toujours en train de niaiser.


Voleurs de mangues.
7 novembre 2004

On se réveille chez les pompiers qui pètent toujours le feu de bonne humeur et plein d’énergie. Nous avions devant nous une journée de montées. Nous allons gonfler nos pneus à la station-service avec de commencer. Là, ça va mal! La valve de ma chambre à air presta se coince dans l’adaptateur et mon pneu ne veut pas garder l’air. Il faudra que je coupe la valve et que je change mon pneu au complet (ce qui implique de décharger le vélo et le recharger). Vidange! Quel surprenant incident?!

Puis, après quelques kilomètres, je me rends compte que j’ai oublié le précieux adaptateur à la station-service. Je dois donc retourner pour le chercher. Je crois avoir dit quelques blasphèmes sur la route. Heureusement, les gens aux beaux sourires me font oublier ce genre de chose et nous commençons à monter. Nous croisons une pancarte qui annonce le restaurant de fruits de mer « Bibittes ou bichos en espagnol » ce qui me fait rire pendant plusieurs minutes je crois.

Nous continuons à suer jusqu’à ce que nous arrivions à deux alléchants stands de fruits. Nous achetons quelques choses chez les petits vendeurs et je vais de l’autre côté pour acheter des mangues. Le monsieur ignore ma présence malgré mon insistance à vouloir lui payer ses foutues mangues. C’est dimanche et le têtu regarde dans le vide en écoutant la messe à la radio. Un client arrive et il se lève d’un bond pour aller le servir. Je n’ai pas hésité et devant les yeux de tous, j’ai mis les mangues dans mon sac et nous sommes partis. Ça nous a encore fait rire pendant un bon bout et j’ai été fière de fourrer cet emmerdeur. Dommage pour les points de mauvais karma!

Puis, sur le bord de la route, nous mangeons nos fruits en regardant une famille de singes hurleurs broutés des feuilles dans les arbres. Maudit que c’est cool le Costa Rica!. Plus tard, nous arrêtons pour une bonne soupe dans un petit resto. J’aime bien les soupes d’ici car ils y mettent de gros morceaux de manioc, des bananes plantains, de la patate douce et de la patate rude. Miam!! Nous escaladons toujours avec une vue merveilleuse sur les montagnes. De si haut, nous pouvons voir la mer au loin et avoir frette aussi un peu. Puis le soir s’approche et nous cherchons un camping. Nous demandons à un homme qui vient de sortir d’une plantation de café s’il connaît un endroit. Le type veut vraiment nous aider et il nous dit de le suivre. Il marche lentement et essaie à plusieurs endroits mais ça ne marche vraiment pas. Pour arrêter de le torturer avec ses bonnes intentions, nous lui faisons nos adieux et dans la cour à côté d’une semi-remorque, nous plantons notre tente. La famille qui nous a donnée la permission vit emprisonner derrière des clôtures géantes avec son armée de chiens.


Cauchemar à San José
8 novembre 2004

En se levant ce matin, nous avons regardé la carte et nous devions faire un choix. Hier, le trafic était vraiment grave en fin de journée et nous sommes à 40 km de San José (ce qui indique que le reste de la route c’est le trafic). Puis, nous avons l’invitation de cet homme qui habite en banlieue de San José, ce qui signifie affronter le trafic aujourd’hui et encore un autre jour. Nous décidons de nous rendre directement à San José. L’environnement de la autopista est infernale. Communication : zéro! Bruit :maximal! Stress : besoin de valium!

Nous arrêtons manger mes super barres granola pour se ressourcer (d’la bonne graine!). Bien que nous soyons illégaux sur cette route réservée aux gros moteurs, la police nous laisse tranquille. Nous passons l’usine d’une industrie laitière tica Dos Pinos (Deux pins) qui portait un drapeau franchement similaire si ce n’est pas le drapeau gay devant ses offices. Puis, la lumière fut. Deux pins, Dos Pinos! Moi qui n’avait pas compris avant en regardant le logo des deux pins joint l’un à l’autre. Finalement, je me suis dis que si je n’étais en vélo, je n’aurais jamais compris d’où venait le lait au Costa Rica. (S’cusez-la!)

Puis, la torture mentale s’est accrue. Jusqu’au point où l’on se dit que si la trajectoire de notre vélo change que quelques millimètres vers la gauche au mauvais moment, s’en est fait pour la vie. Bebye! L’adrénaline nous fait conduire comme des fous dans le trafic, à passer les sorties et les entrés d’autoroute. La pollution nous engourdit.

Après des heures au cœur battant à toute vitesse, nous arrivons au centre-ville, dans une hospedaje Tica Linda. C’est dans la maison d’une famille, la mère Charo qui est très cool et ses enfants, ainsi que des voyageurs d’un peu partout dans le monde : un colombien, une espagnol qui vit au Nicaragua, une Slovène, une française qui sort avec un colombien, un américain… Nous prendrons plusieurs heures à nous remettre de notre traumatisme qui fait finalement partie de l’aventure qui nous pousse au bout de nous même.